16 Octobre 2015 - Inauguration du Mémorial de Rivesaltes

Publié le par JB

16 Octobre 2015 - Inauguration du Mémorial de Rivesaltes

Bien que n'ayant pas été présents à cette inauguration, il nous apparaissait important de rapporter cette information ainsi que quelques précisions, pour son importance pour notre communauté qui ne fut hélas pas la seule à avoir été détenue dans ce camp. Quatre stèles en témoignent: Juifs, Républicains Espagnols, Harkis, Tsiganes... Mais aussi Européens antifascistes, Brigadistes Internationaux, prisonniers de guerre...des dizaines de nationalités s'y sont succédé pour des motifs divers faisant de ce camp une véritable Tour de Babel. Connaître cette mémoire nous renvoie à une actualité qui ravive les relents d'une histoire que l'on voudrait à jamais terminée, celle des communautés aux destins brisés...

Le 16 Octobre dernier, M.M VALLS, Premier Ministre et ALARY, Président de la Région Languedoc-Roussillon, en présence de nombreuses personnalités, inauguraient le tout nouveau Mémorial du Camp de Rivesaltes. Ce camp situé sur un terrain militaire de 612 hectares répartis entre les communes de Rivesaltes et de Salses était appelé en 1938 " Camp Joffre ". En Février 1940, 2 compagnies de travailleurs Espagnols Républicains, soit 500 hommes provenant des camps de Barcarès, Saint-Cyprien et Argelès, main d'oeuvre gratuite, procédèrent aux premiers travaux d'aménagement. Il sera rapidement agrandi pour atteindre un effectif de 11 889 personnes le 20 Mai 1940. Dans les mois qui suivirent, ce camp deviendra l'antichambre de la mort pour les Brigadistes Internationaux et les Juifs livrés aux nazis par le gouvernement de vichy. Entre 1941 et 1942, Rivesaltes compte 21 000 détenus, son histoire ne s'arrêtera pas là, en 1962, il servit de "Camp de Transit et de Reclassement" (5) pour 8000 Harkis.

A l'origine, les camps furent placés sous l'autorité militaire, le Général MENARD, Commandant la 17ème Région Militaire (Toulouse) fut nommé responsable du dispositif d'internement Espagnol, en Novembre 1940, l'ensemble des camps passera sous l'autorité du Ministère de l'intérieur. Sur les conditions de détention dans les années 40, on sait que la nourriture y était insuffisante et les conditions sanitaires mauvaises, à l'origine d'infections et de décès. Le Docteur Joseph WEILL (1) témoigne à l'époque des faits que des milliers de femmes et d'enfants habitent les baraques dans des conditions d'hygiène et de promiscuité déplorables et donc nuisibles à leur santé. Sur ce site sont décédées 215 personnes dont 51 enfants d'un an et moins.

La dénomination des camps varie au fil du temps pour des raisons diverses... Ils furent créés sous la 3ème République et nommés à l'origine "Camps de Concentration" (2). Leur type de construction et les conditions de détention des personnes ne laissent aucun doute à ce sujet. Entourés de barbelés, ils étaient gardés par des gendarmes et des tirailleurs sénégalais, ces conditions (3) sont connues et dénoncées à l'étranger, Etats-Unis et Suisse principalement. Pour dissimuler cette triste réalité, M.PEYROUTON, Ministre de l'intérieur du gouvernement de vichy rebaptise(4) la quasi totalité des camps, sauf Rieucros et le Vernet d'Ariège. Ils deviendront des "Camps d'hébergement", les étrangers s'y trouvant étant appelés des hébergés, cette circulaire précise que pour Rieucros et le Vernet, le terme à employer était des internés. Le 21 Août 1942, Rivesaltes devient le Drancy de la zone libre et sera renommé " Centre interrégional de rassemblement des Israélites "(5). En Août 1944, les autorités Françaises de la libération renomment ainsi le camp "Centre de séjour surveillé de Rivesaltes "(5) pour y détenir les prisonniers de guerre et les collaborateurs. En 1962, on le renomme "Camp de Transit et de Reclassement"(5) comme on l'a vu plus haut pour les Harkis.

Régulièrement rebaptisés en fonction des époques et du contexte, il semble que même actuellement nommer ces lieux pour ce qu'ils ont été par leur appellation d'origine "Camps de concentration " dérange (6) (7).

(1) Président du Comité d'Aide aux Réfugiés et responsable de l'oeuvre de secours aux enfants (O.S.E)

(2) Décrets-loi DALADIER du 12 Novembre 1938 et du 18 Novembre 1938.

(3) Sur les conditions de vie, voir également le livre de Geneviève DREYFUS-ARMAND et Emile TEMIME le livre: "Les Camps sur la plage, un exil Espagnol " - Editions Autrement - 1995 - ainsi que "La lie de la Terre" de Arthur KOESTLER - Editions Calmann-Lévy (réedition 2013)

(4) Circulaire n° 121 du 10 Janvier 1941, téléchargeable sur le site du Camp du Vernet, dans les liens ci-dessous.

(5 ) Selon l'appellation officielle du moment. Donc rebaptisé une fois de plus pour la circonstance...

(6) Quelques exemples, récents:

- A l'automne 2013, alors que la Mairie et l'Amicale du Camp du Vernet avaient pris toutes les dispositions pour accueillir les Journées Défense organisées par les autorités militaires de l'Ariège, l'ONAC (Office National des Anciens Combattants) de l'Ariège fit capoter la manifestation au motif qu'il n'acceptait pas que sur le carton d'invitation figure le terme "Camp de Concentration"

- En Février 2015, au Barcarès, refus de la Mairie d'apposer la plaque commémorative au motif qu'elle comportait la dénomination "Camp de Concentration"

- Pour Rivesaltes, en Octobre 2015, idem malgré une lettre du CIIMER (regroupant 46 associations de mémoire Républicaine Espagnole) à Monsieur ALARY. Les conseillers de M.ALARY ayant préféré le terme de Camp d'internement.

(7) Pour compléter dans le détail ces informations, nous renvoyons nos lecteurs vers le Bulletin de l'Amicale des Guérilleros Espagnols en France - Forces Françaises de l'Intérieur (AAGEF-FFI) consultables par calaméo et españa36, liens ci-dessous, et la liste d'articles ci-après: N°137, pp 4 et 5 "Camps de Concentration, tel était leur nom !" et "Le Barcarès: les mots de l'histoire, il faudrait les abandonner? Solidarité et action contre le révisionnisme" N° 138, pp 3 et 4 "Camps de concentration;contre la censure, courrier du CIIMER aux responsables du futur Mémorial de Rivesaltes" N°140, pp 4 et 5 "Rivesaltes, pour corriger erreurs et lacunes, réunir les compétences sans exclusive" et "Ces camps de concentration qu'un ministre de Pétain voulut renommer parce qu'ils étaient mal famés..." Dans ce même numéro, il est question de 2 erreurs de faits et de dates relevées sur des panneaux du Musée et suivies de leur explication. Si besoin également, Henry Farreny, Directeur de la publication, peut adresser ces numéros par internet à nos correspondants qui en feraient la demande que nous lui retransmettrons.

Quelques liens:

http://memorialcamprivesaltes.eu

www.24-aout-1944.org/-les-camps-

http://social.shorthand.com/WEBINDEP/ng8pXjoCec/rivesalt

http://www.campduvernet.eu

http://fr.calameo.com/read/004359463fac8fe3ff36e

http://espana36.pagesperso-orange.fr/BulletinsAAGEF_FFI.html

Stèle aux Républicains Espagnols, l'une des 4 du Mémorial.

Stèle aux Républicains Espagnols, l'une des 4 du Mémorial.

Camps du Sud de la France

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Les baraquements en ruines du camp de Rivesaltes

Les baraquements en ruines du camp de Rivesaltes

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