3 et 4 Février 2017 - Malaga (Espagne) - 1937/2017 - 80ème anniversaire et hommage aux victimes de la route Malaga/Alméria

Publié le 25 juin 2017 par JB

Point d'orgue du périple en Espagne organisé par MER 82 (1) et le CIIMER (2), la commémoration du 80ème anniversaire de la carretera Malaga - Almeria (3), plus connue sous son surnom de "carretera de la muerte" (4). La délégation Française, un bus de 64 personnes, essentiellement des descendants de Républicains Espagnols parmi lesquels les représentants de MyE, a été accueillie chaleureusement la veille, jeudi 2 février au soir à l'hôtel Benalmadena par l'association Malaga Républicana avec drapeaux et chants Républicains. Le lendemain, une marche en ville avec drapeaux et banderoles terminant par un rassemblement devant la Mairie (5) et des photos de groupes, puis une conférence de presse. Un hommage symbolique a été rendu au dernier Maire Républicain (8) en collant une plaque renommant les jardins de la mairie en son nom, en lieu et place du franquiste qui le fit fusiller. Memoria y Exilio y a déposé un bouquet tricolore.

Puis, a eu lieu la projection d'un documentaire, "la Historia del Silencio", sur les Républicains disparus, assassinés par les franquistes, l'exhumation des fosses communes du cimetière San Rafael de Malaga... Le lendemain, un long cortège aux couleurs républicaines a entrepris la marche hommage aux victimes du massacre fasciste, au total 8 km dans les rues de la ville et le front de mer.

A l'arrivée, à la plage du Peñon del Cuervo eut lieu la cérémonie suivante: lecture d'une lettre (7) envoyée au roi Felipe VI demandant la reconnaissance publique des crimes de guerre et de lèse humanité commis durant la période du 18 juillet 1936 au 6 décembre 1978. Puis, s'ensuivirent les prises de parole des responsables et délégués d'association; José Gonzalez de MER 82, Henry Farreny de l'Amicale des Anciens Guérilleros Espagnols en France tout d'abord.

Ensuite Chantal Pénicaut de Memoria y Exilio présenta notre association et rendit un hommage appuyé à Paco Puentedura, natif de Salobreña (7), qui vécut cet exode à l'âge de 6 ans, en Février 1937. Il est à noter que ce même 4 Février avait lieu un hommage aux Haras de Saint-Gaudens, un lieu où Paco fut "accueilli" (6) 2 ans plus tard... Chantal termina son discours sous un tonnerre d'applaudissements par" Vuestra memoria es nuestra memoria ! Viva la Republica !"

En cette fin de journée, ponctuant chaque prise de parole, les applaudissements marquèrent les remerciements des Républicains d'Espagne à leurs amis Républicains venus de France pour leur soutien. Ensuite, des survivants de ce massacre témoignèrent, puis des poèmes et des chansons furent interprétés en l'honneur des victimes du franquisme.

(1) MER 82 : Mémoire de l'Espagne Républicaine du Lot et Garonne (82)

(2) CIIMER: Centre d'Investigation et d'interprétation de la Mémoire Républicaine Espagnole. Il a pour siège la Gare de Borredon et regroupe 49 associations de plusieurs pays (voir site)

(3) Route Malaga - Almeria

(4) Route de la mort

(5) L'équipe municipale étant d'étiquette PP (Partido Popular = droite), en conséquence pas de réception à l'intérieur de la mairie pour les participants.

(6) Le verbe accueillir est ici mis volontairement entre guillemets eu égard à la réalité de ce que l'on a nommé un accueil...

(7) applaudissements. Paco, décédé il y a quelques années, a connu les débuts de Memoria y Exilio dont il a fait partie et a également laissé un témoignage audio vidéo sur son vécu à l'époque de la carretera Malaga-Almeria et des années suivantes.

(8) Eugénio entrambasaguas, dernier maire Républicain de Malaga. Il eut plusieurs occasions de fuir Malaga, ce qu'il ne fit pas, il demeura dans sa ville assistant toute la population jusqu'à l'arrivée des franquistes. En tant que Maire Républicain, il démontra en cette époque difficile de grandes qualités d'humaniste, prenant le risque de sauver plusieurs familles de droite des représailles et leur permettant de partir par mer vers Gibraltar. Son exemplarité lui coûta la vie. Bien que défendu pour ces faits devant le juge franquiste Carlos Arias Navarro (de sinistre mémoire, surnommé "le boucher de Malaga", a fait l'objet d'un article dans notre série de 2014 sur la Carretera Malaga - Alméria), il ne bénéficiera d'aucune clémence et sera fusillé pour avoir été Maire Républicain...

Remerciements à Chantal Pénicaut pour la fourniture de textes et photos ayant permis la réalisation de cet article.